Quand un enfant pleure, crie ou réclame quelque chose avec insistance, beaucoup de parents pensent tout de suite :
« Il fait un caprice ! »
Mais qu’est-ce qu’un caprice, au fond ? Et est-ce vraiment ce que font nos enfants ?
Le mot « caprice », un raccourci facile, mais pas toujours juste
On imagine souvent un caprice comme un comportement exagéré, voire une tentative de manipulation.
Pourtant, un enfant ne fait pas ça pour embêter ou tester ses parents. Son cerveau est encore immature et il ne sait pas encore gérer ses émotions.
Une maison en construction : le cerveau de l’enfant
Imaginez le cerveau d’un enfant comme une maison en construction.
À la naissance, les fondations sont posées — ce sont les émotions, les sensations, les besoins immédiats.
Mais le « premier étage », celui qui permet de réfléchir, raisonner, contrôler ses impulsions, n’est pas encore construit.
Ce « premier étage » correspond au cortex préfrontal, qui ne se développe vraiment que vers 6-7 ans, voire plus tard.
C’est pour cela que les tout-petits réagissent souvent de manière intense, sans savoir se calmer tout de suite ou attendre. Ce n’est pas un caprice, c’est un manque de maturité cérébrale.
Caprice ou besoin ? L’exemple du jouet coloré
Isabelle Filliozat, psychothérapeute spécialisée en parentalité, explique que souvent, l’enfant ne veut pas vraiment ce qu’il réclame.
Il est simplement attiré par ce qui est coloré, brillant, nouveau.
Au lieu de dire « Non ! » ou « Oui ! » directement, on peut essayer :
« Oh oui, ce jouet a de belles couleurs, hein ? Il donne envie de le regarder ! »
Souvent, juste reconnaître ce désir suffit à apaiser l’enfant. Et parfois, quand on finit par acheter ce jouet, il ne s’y intéresse même plus une fois rentré à la maison.
Attention aux étiquettes : « capricieux » n’est pas une identité
Il est très important de ne pas coller l’étiquette de « capricieux » à son enfant.
Quand un enfant entend ou ressent qu’on le considère comme « capricieux », il peut finir par intégrer cette image comme une vérité sur lui-même.
En psychologie, on appelle ça une prophétie auto-réalisatrice : l’enfant peut commencer à se comporter comme on lui dit qu’il est — par habitude, par peur d’être rejeté, ou parce qu’il ne sait pas encore faire autrement.
C’est pourquoi il vaut mieux parler de ce qu’il vit (ses émotions, ses besoins), plutôt que de lui donner une identité liée à un comportement.
Pourquoi c’est difficile pour nous, parents ?
Face à un enfant qui pleure ou refuse, on peut vite se sentir dépassé, fatigué, ou en colère.
On a peur de « céder » ou de mal faire. Mais accueillir l’émotion ne veut pas dire laisser faire n’importe quoi.
Que faire ?
Voici quelques pistes concrètes :
- Nommer l’émotion : « Je vois que tu es en colère parce que tu voulais ce jouet. »
- Poser un cadre clair : « Je comprends, mais aujourd’hui on n’achète pas ce jouet. »
- Rester calme et disponible : offrir un câlin ou de la présence, même dans la tempête émotionnelle.
En résumé
Les enfants ne font pas de caprices, ils expriment leurs émotions avec les moyens qu’ils ont.
Ils sont en pleine construction, comme une maison dont on finirait les étages petit à petit.
Changer notre regard, c’est leur offrir un espace de confiance pour grandir sereinement.
À retenir
« Ce que nous appelons caprice est souvent un signal : celui d’un enfant qui a besoin d’aide pour traverser une émotion. »
Si ce sujet vous parle et que vous souhaitez un accompagnement personnalisé, n’hésitez pas à me contacter. Ensemble, nous trouverons des solutions adaptées à votre famille.