« InspirĂ© par une vidĂ©o dâIsabelle Filliozat, cet article partage quelques pistes pour mieux comprendre les difficultĂ©s dâendormissement chez lâenfant. »
Une maman sâinterroge : son fils de 4 ans met prĂšs de deux heures Ă trouver le sommeil chaque soir, malgrĂ© un rituel bien installĂ© â histoires, cĂąlins, un verre dâeau. Il se relĂšve, rĂ©clame, repousse sans cesse le moment du coucher⊠Une situation qui rĂ©sonne chez beaucoup de parents.
Ce quâil est important de rappeler, câest que le sommeil ne se commande pas. Pourtant, nombre de familles vivent dans lâidĂ©e que lâenfant «âŻdoitâŻÂ» dormir Ă 20h00, comme si câĂ©tait une norme universelle. Or, cette norme est hautement culturelle. En Argentine, on dort parfois Ă 22h, aux Ătats-Unis dĂšs 18h, en Espagne autour de 21h⊠Et pourtant, tous ces enfants grandissent.
Il est essentiel de distinguer les besoins rĂ©els de lâenfant du rythme imposĂ© par les adultes ou la sociĂ©tĂ©. Un enfant qui ne sâendort pas Ă 20h00 nâest pas «âŻopposĂ©âŻÂ» par principe. Peut-ĂȘtre quâil nâa tout simplement pas sommeil Ă ce moment-lĂ .
đ Quelques pistes Ă explorer quand lâendormissement est difficile :
- Y a-t-il eu un changement dans la vie de lâenfant (deuil, sĂ©paration, naissance, entrĂ©e Ă lâĂ©cole) ?
- Est-il en pĂ©riode dâacquisition (langage, propretĂ©, autonomieâŠ) ? Ces Ă©tapes mobilisent beaucoup le cerveau et peuvent retarder ou perturber le sommeil.
- Lâenfant est-il suffisamment rassasiĂ© affectivement ? A-t-il eu du temps de jeu, de lien avec ses parents avant le coucher ?
đ§ Et sur le plan biologique ?
Entre 2 ans et 5 ans et demi, il existe un dĂ©calage naturel dans la sĂ©crĂ©tion de mĂ©latonine (lâhormone du sommeil). Cela signifie que lâenvie de dormir peut naturellement survenir plus tard que 20h00. Ă partir dâenviron 6 ans, cette sĂ©crĂ©tion se recale, et le sommeil vient plus facilement autour de 20h.
đ Le vrai enjeu nâest donc pas lâheure, mais le rythme propre de lâenfant. Comme pour les adultes, certains sont plutĂŽt du matin, dâautres du soir.
đŻ Que faire alors ?
- Observer les signes prĂ©coces de fatigue : frottements des yeux ou du nez, regard flou, mouvements moins coordonnĂ©s, petit Ă©nervementâŠ
- Lancer le rituel dĂšs les premiers signes, sans attendre bĂąillements ou paupiĂšres tombantes.
- Créer un environnement propice : lumiÚre tamisée, réduction des stimulations, ambiance douce (éviter les piÚces trop éclairées, comme la salle de bain juste avant le coucher).
- Et surtout : Ă©viter les luttes de pouvoir autour du sommeil. On nâendort pas un enfant de force ; on lâaccompagne vers un Ă©tat de dĂ©tente.
đĄ Peut-ĂȘtre que cet enfant aurait eu besoin de sâendormir plus tĂŽt (19h) ou plus tard (21h). Mais si on le couche systĂ©matiquement Ă 20h, sans tenir compte de ses signaux biologiques, on risque de manquer « le train du sommeil » et devoir attendre le suivant⊠une Ă deux heures plus tard.
Et pendant ce temps-lĂ , il sâagite, sâennuie, rĂ©siste, rĂ©clame, sâĂ©nerve⊠et nous aussi.
đ Le rituel du coucher : pourquoi ça ne marche pas toujours ?
Le rituel est souvent prĂ©sentĂ© comme la clĂ© magique pour des soirĂ©es apaisĂ©es. Câest un moment prĂ©cieux de transition entre lâagitation du jour et le calme de la nuit. Mais que faire quand ce rituel ne fonctionne pas ? Quand malgrĂ© histoires, cĂąlins et lumiĂšre douce, lâenfant ne sâendort pas ou continue de se relever ?
Cela peut vite devenir source de frustration ou de doute parental : «âŻOn fait tout bien⊠pourquoi ça ne marche pas ? Est-ce quâon fait quelque chose de mal ?âŻÂ»
âĄïž La rĂ©ponse est souvent ailleurs : dans le rythme propre de lâenfant, son environnement, et parfois mĂȘme⊠sa biologie.
đ Le bon rituel au mauvais moment ?
Un rituel ne fonctionne que sâil est calĂ© sur le moment oĂč lâenfant est physiologiquement prĂȘt Ă dormir. Trop tĂŽt ou trop tard, ce nâest pas efficace.
â° En France, le repĂšre est souvent 20h. Mais comme vu, chaque enfant a son propre rythme. Si le premier cycle de sommeil est ratĂ©, il faut attendre le suivant, dâoĂč les longues pĂ©riodes dâendormissement.
Le rĂŽle des stimulations
Un autre point clĂ© : lâenvironnement sensoriel. Un rituel dans une piĂšce trop Ă©clairĂ©e, ou aprĂšs des jeux trĂšs stimulants, empĂȘche la sĂ©crĂ©tion de mĂ©latonine, lâhormone du sommeil.
â Un bon rituel, câest :
- Moins de lumiĂšre
- Moins de bruit
- Moins de stimulations sensorielles
- Un cadre de plus en plus calme et prévisible
đŹ Et si ce nâest pas suffisant ?
Peut-ĂȘtre que ce nâest pas le rituel qui est en cause, mais les besoins :
- Besoin de remplir son rĂ©servoir affectif : un enfant a du mal Ă se dĂ©tacher sâil nâa pas eu assez de lien avec ses parents le soir.
- Besoin de rassurance ou de sĂ©curitĂ© : peur du noir, du silence, ou de la sĂ©paration. Il est utile de nommer les Ă©motions, les accueillir et sĂ©curiser lâenfant.
- Besoin de rĂ©guler une tension interne : une journĂ©e chargĂ©e ou stressante rend lâapaisement plus difficile.
đ En rĂ©sumĂ© :
Le rituel du coucher est utile sâil respecte le rythme de lâenfant, sâil est suffisamment apaisant et prĂ©visible, et sâil accompagne un vrai besoin de sommeil. Ce nâest pas une recette miracle, mais un moment de lien et dâajustement, chaque soir.
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